Lumière d'automne sur la track de Montréal. Cette lumière dorée frangée qui traverse l'air un peu trop froid et qui nous réchauffe, quel délice!
Ce lieu ouvert, où passe le vent, qui rassemble en lui tous les bruits urbains, cet endroit à la fois désert et plein de la présence de la ville, à l'exacte rencontre du sauvage et du civilisé, m'apaise et me donne ses mots.
Sur le bord d'une clôture neuve, un lièvre détale.
Cette clôture a été érigée cet été au coin d'un tunnel de la mort revampé. Un concessionnaire d'auto a mangé un peu de cette friche urbaine. Un pan de végétation a disparu.
On imaginerait bien un parc fait de petits morceaux de friches assemblés en un labyrinthe, parsemé de cabanes improvisées. Un parc happening visité par les lièvres, des mulots, des marmottes, beaucoup d'oiseaux qui chantent à travers les bruits de la circulation, un parc né de ces chemins que tracent les pas.
Sur les murs de très beaux graffitis, les pièces les plus achevées que j'ai vues dans cette portion de la track. Encore une fois, je n'ai vu personne les peindre et pour cause je me suis absenté de la voie ferrée pendant tout un été. Après avoir travaillé bien des mois sur un site sur la track, j'ai abandonné cette curieuse muse à son propre sort.
J'y reviens avec joie.
Sur un bloc de béton, une jeune fille regarde en direction de la rue Iberville. Elle semble oisive. Pas de téléphone à la main ou à l'oreille. Je m'avance puis retourne sur mes pas, ne voulant pas brusquer sa solitude.
Tout près, des pompiers éteignent un feu allumé dans la tour blanche de l'usine maintenant abandonnée de Norampac. Les vitres en haut de l'immeuble sont fracassées.
Un nouvel espace pour squatter.
Publié à l'automne 2006
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