samedi 19 mai 2007

Les ruelles



Les ruelles (1)


S'enchanter des ruelles, je ne suis certainement pas le seul à le faire, mais sur le thème des-choses de-la-Ville-pas-bonne-pour-les-enfants, c'est un refrain souvent entonné par les mères de banlieue. On préférera les rues et les cours closes des banlieues à ces bonnes vieilles ruelles sales et craquelées. Pour moi et pour mon fils, elles ont été terrains de jeu, lieux de rencontres et témoins de l'enfance. Un tas de souvenirs bons ou mauvais. Il y a les damnés chiens qui jappent ou hurlent, les enfants qui jouent en faisant beaucoup de bruits, des enfances qui finissent ou commencent dans la peine ou la joie, les cours des autres, notre cour que l'on veut protéger du regard des passants, les discussions au ras'la clôture, ces voisins qu'on ne connaît pas, mais que l'on croise, cette voiture qui passe trop vite et que l'on invective. Et pour moi, les jardins des autres, toujours plus beaux que le mien.

J'adore me promener dans les ruelles. Les jardins-maison ont toujours quelque chose d'attachant, ce n'est pas tant leur beauté qui fait que l'on s'attarde. Lorsque j'étais paysagiste, j'avais écorniflé avec le plus grand intérêt cette plate-bande faite de fleurs en plastiques criardes de l'autre côté de la cour que j'aménageais avec tant d'efforts et de sueur. Il est si simple de créer sinon de la beauté, du moins une certaine joie de vivre. La plupart des cours sont intéressantes. Certains n'y font que des entrées de garage, la place du char dans la culture de certains Québécois étant centrale.

Me promenant la semaine passée, j'ai étudié un peu ces garages alignés dans les ruelles. Évidemment, chacun révèle la personnalité de son propriétaire. Négligent, soucieux de la propreté malgré un modeste budget, précis, discipliné, entrepreneur, romantique? Tous les styles y sont. Dans la plupart des cas les anciennes portes de bois ont été remplacées par des portes-garages récentes. De là, le très lucratif marché des portes de garage! Pour ma part j'ai installé dans mon garage mon atelier d'écriture. J'entends les bruits de la ville et j'y goûte une certaine quiétude.

Quelle différence tout de même entre cette organisation spatiale, où les chars n'occupent pas le devant de la scène, et celle des maisons de banlieue, où l'on n'arrive jamais à escamoter le garage. Plus on tente d'assimiler le garage à la maison, plus il prend toute la place, avec ses pignons, ses faux décrochés, ces ornements inutiles, au détriment de l'entrée de maison. Il est très difficile de déplacer l'attention vers la porte d'entrée, d'autant plus que pour plusieurs, l'ostentation du char est une véritable obsession.


2006-10-24

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