jeudi 10 juillet 2008

Entre montagne et eau, la lumière des fumées et l'ombre des nuées sont sans cesse changeantes. Tantôt elles apparaissent, tantôt, elles s'estompent. En plein éclat ou dissimulées. elles recèlent en leur sein le Souffle et l'Esprit. Les Anciens cherchaient par tous les moyens à en sonder le mystère : par le Pinceau-sans-Pinceau pour en capter le Souffle et par l'Encre-sans-Encre pour en saisir l'Esprit.

Pu Yen-Y'U

mercredi 9 juillet 2008

Moucherolle tchébec

Moucherolle de la volonté enlacée à l'air, qui creusait l'espace pour attraper la mouche, la libellule, le maringouin. Qui allait de cette branche d'arbre vivante à cette autre branche sèche puis à son nid pour apporter les mouches aux petits becs s'ouvrant sans fin. Qui passait sans cesse devant mes yeux, me rappelant cette volonté toujours présente en nos pensées et nos gestes, souvent superflue, parce que liée à ce qui n'est pas nécessaire ou à ce qui ne semble pas l'être, comme l'art. Cette volonté dont il faudrait si souvent départir pour se laisser porter uniquement par le vent, devenir mouvement.

Deux moucherolles alignées sur une branche, le mâle et la femelle, la femelle lisse sur la branche son bec pendant que le mâle me surveille. Je ne dois pas bouger, sa volonté contre la mienne. Je n'arrive pas à détacher mon oeil de ses mouvements de tête suivis de ses mouvements de queue. Lui, il veut aller porter la mouche à ses petits, emprunter à l'air son mouvement pour devenir air lui-même, se déplacer le plus furtivement possible, pour nourrir l'air, en retour, de cette qualité de volonté efficace qui émeut. Je tourne la tête, il passe sans que je le voie. J'entends un léger déplacement d'air.

Les jours s'allongent, les nuits raccourcissent. Les moucherolles vont et viennent. Plongeant pour attraper l'insecte d'un coup de queue simple, elles reviennent sur la branche qui se balance, en lançant un simple pépiement qui affirme : il faut être dans l'air le mouvement qui sans cesse apporte et enlève, tue et fait vivre.

Hier, elles étaient parties. Le nid était vide. Je l'ai tout de suite senti en arrivant au lac. Ils n'étaient plus là ces guetteurs admirables de nos moindres mouvements. Nous étions inquiets un instant d'une mort possible des petits, mais le nid, au coin du toit de la véranda, était intact. Ils étaient partis tout simplement.

jeudi 3 juillet 2008

Étoile du matin

Est-ce le soleil qui émet des signes?
Ces étoiles dans les vagues, quelle langue parlent-t-elles, me parlent-t-elles?
La langue du commencement ? La langue de la fin de l'étoile? De son onde qui s'éteint?


Toi qui es à côté de moi, tu peux continuer de parler.


Son langage est sur le lac, je le vois, il me parle, mais de quoi?
Quel langage est-ce, sinon une musique qui vibre des étoiles?
Une langue ondule sur le lac une nouvelle portée d'étoiles, c'est ce qui m'est dit?


Toi à côté de moi, tu peux continuer de parler ta langue humaine.

Musique d'étoiles sur le lac et le ciel brulant de cette étoile, son bleu versé sur nous, qui parlons?
N'arrêtes pas de parler, toi qui est si proche de moi, ne sais-tu pas que de toute façon ta langue chaude je la goberai?
Ne sais-tu pas que je mangerai ta langue d'étoiles soulevée par la vague qui succède à la vague, à la vague qui a fait disparaitre l'étoile sur le lac?


Toi à côté de moi, ton silence est dans ma bouche et les étoiles sont entre les vagues le cri des étoiles.