J'imagine en marchant que j'hallucine ces champignons. Qu'ils sont les pas dressés du néant. Ils apparaissent dans la marche, avec un pied plus ou moins long, qui porte un chapeau le plus souvent rond. Leurs couleurs varient. Ils sont jaunes, blancs, brunâtres ou rougeâtres. Ils poussent dans le sol en milliers de racines qui couvrent un très large périmètre, ce que nous voyons du champignon n'est que son organe reproducteur, le reste, enfoui, utilise les éléments nutritifs des arbres morts, des feuilles et du sol pour croître. De ce fait, ils sont considérés comme un élément important de l'écologie des milieux forestiers puisqu'ils participent à la décomposition des êtres vivants. Pendant notre marche, ils semblent surgir de rien, selon des couleurs qui tranchent parfois beaucoup avec la couleur du sol. Sous leur chapeau, des lamelles ou des tubulures contenant des spores, qui sont le fruit du champignon, minuscule, à peine discernable par l'oeil, comme poussière du rien qui féconderait les pas de celui qui cherche dans l'obscurité sa route. Dans la pénombre, ils peuvent apparaître comme ce qui ne serait venu de nulle part, comme si la vie pouvait être issue de rien; notre pensée étant encore attachée à la théorie de la génération spontanée, voir à un certain nihilisme. Nous croyons que les êtres peuvent surgir de rien, précisément. Nous forgeons notre route, convaincus que nous marchons sur ce rien du monde, alors ils apparaissent, les champignons, comme s'ils étaient surgis de notre imagination, nous les cueillons et les humons, nous interrogeant sur la comestibilité de celui-ci ou de celui-là. Ils sont si poreux qu'ils ne semblent faits de rien mais leur odeur et leur goût nous disent que nous sommes nous aussi une part de la nature, du moins, de ce monde, qui est origine également de notre pensée, de notre volonté et de notre imagination.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire