Dong non pas crac mais le dong d'un tambour au creux de la forêt, le long du sentier, tambour creusé par un lent pourrissement du centre qui ne touche pas l'écorce de l'arbre. Dans la forêt un immense bonsaï fait vibrer les feuilles et les branches des autres arbres de sa présence comme s'il réclamait la main qui le ferait sonore, c'est à dire creusé par le temps. Il nous surplombe, cet arbre, son vide on désire y entrer pour entendre la forêt, être dans sa cache pour saisir tout autrement le paysage, lancer un regard vers le haut de son fut évidé pour voir le ciel trembler un peu de ce espace particulier, foisonnant de matière perdue, orné de branches et de feuilles tournoyantes, qui voleraient avec lui s'il pouvait s'élever, si ses racines elles-mêmes étaient faites de ce vide qui comble son coeur de nos regards, nous qui nous arrêtons devant lui, imaginant ce geste que nous n'osons faire avec l'amplitude nécessaire : faire vibrer cet arbre et avec lui le sol et la forêt, amorcer le rythme d'une musique qui cesserait à peine, s'éteindrait lentement à la nuit, une fois la rivière bruissante du jour terminée. Dong et dong, Tam ti de lam, lame et lente, tendre et sec, le long du jour, dam ti de dam, la main caresse, elle bat un peu, le bois dong et dang, le vide repousse le vide, l'arbre monte vers le ciel, l'entourant, le protégeant, nous le donnant en une improbable musique, un exil de l'oeil vers le dedans enlevé des choses. Nous aurions volé comme cet arbre si nos racines auraient été creuses, pour aujourd'hui, dans cet instant de la rencontre avec cette éphémère présence du vide, nous imaginons cette musique, ample en nos torses, en notre respiration, elle rejoint la forêt qui vibre de nos pas qui s'éloignent de l'arbre creux.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire