mardi 18 mars 2008

Sons

Le paysage est tout entier contenu en ses sons. Chuintement, effleurements, gazouillis, frottements. Il faut fermer les yeux. Le paysage s'assemble, se lève en soi. Il prend corps. Il est composé, il est traduit en mots qui emportent et vous font apparaître dans le paysage, comme un corps, votre corps, qui voit le mouvement qui vous a créé dans ce paysage où surgissent oiseaux, branches, feuilles, arbres. Sifflements, effleurements d'eau sur la roche, glougloutements. Vous êtes d'eau. De l'eau prend forme. De l'eau parle de la neige. Souffle doux d'un coeur qui bat longtemps. Chaleur doucement insinuée goutte à goutte dans le sol. Je coule sur le sol. Je me lève. Des oiseaux aux ailes bleus effleurent mon visage transparent. Tourbillons. Fracas. Une cascade et son miroitement d'arcs en ciels. Autant dire que je me brise. Que le son s'enfle en moi pour me disloquer. Telle est ma mort. Un court instant. Le paysage tue constamment son silence. Les sons entrent en moi. Ils se dispersent et résonnent. Les branches sont agitées par le vent. J'aime ce froissement des feuilles attachées aux arbres dans le froid. Il craque. Il fissure. L'eau de nouveau détruit l'embâcle. Les paroles se libèrent. Un humain dit enfant. Une femme forme un rond de sa bouche. Le bruit de la langue qui humecte les lèvres. Une paupière glisse sur un oeil. Le sifflement d'une poudre sur la neige. Le visage se couvre de frimas. L'oeil regarde l'entonnoir de sons. Je ne parle plus. Le silence se déchire. Du sol émerge la plante en un léger chuintement, si tendre. Ce vert perle dans l'azur. Ce reflet dans l'eau de branches. Elle scintille de sons l'eau. Elle m'enlace une autre fois. Je suis debout, couvert de ses sons. J'ouvre le paysage avec ma bouche.

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